Pourquoi une si grande église dans un si petit village, perdue en un endroit si reculé ?

L'histoire du village et celle de la famille de Chatelmontagne répondent en grande partie à cette question. Châtel-Montagne (appelé castel-montanis à l'origine) est à 600 mètres altitude, au niveau d'un col défendu naturellement par les versants escarpés de la Besbres, «séparé de la chaîne de montagne coté du Nord, par une gorge affreuse, couverte de bois. ».

Carte de la France en 750.

Importance militaire


Á l'époque néolitique Chatel-Montagne était un lieu de peuplement et d'échanges naturellement sûr, à la croisée des voies allant du nord au sud et de l'océan vers le grand centre qu'était déjà Lyon.

À l'époque gallo romaine il est probable qu'un oppidum protégeait l'empire Franc contre contre une succession de voisins occidentaux envahissants : Arvernes, royaume d'Aquitaine, royaume Wisigoth, dont la frontière n'était pas très éloignée.

Lorsqu'à la suite du traité de Verdun de 843 cessèrent les troubles liés au dépeçage du royaume carolingien de Louis le débonnaire par ses fils, la garnison de "Castel in montanis" se trouva à la jonction de trois régions : au nord-ouest, le Bourbonnais, au nord-est le duché de Bourgogne inclus tous deux dans le royaume de Charles le Chauve, alors qu'au sud le Forez était intégré au royaume de Bourgogne dévolu à Lothaire.

De par sa position géographique, le site de Châtel-Montagne était un point défensif idéal pour protéger le Brionnais contre les menées expansives des comtes de Bourbon l'Archambaut, au 10e et 11e siècles, ou contre les razias des comtes du Forez.
Cet emplacement stratégique explique la présence d'un château fort et d'une seigneurie qui en feront le chef-lieu d'une des plus importantes baronnies du Bourbonnais, “qui disputais même a Bressolles le titre de la première de toutes” (Simon Coiffier du Moret - histoire du Bourbonnais et des Bourbons qui l’ont possédé - p74). À l’origine existait une vaste enceinte avec un spot tours d’angle et un donjon central fortifié fut ajouté par la suite (Patrimoine des communes de France 1999)

Vers 1216, la place passe sous l'autorité des sires de Bourbon, les autres places fortes de la montagne bourbonnaise entre 1215 et 1240. Sous la domination des Bourbons Châtel-Montagne (avec les château de Châteldon, de Puyramont - au sommet du Rocher Saint-Vincent -, Montgilbert, Montmorillon, le Breuil et de Lapalisse) fera partie d'un front défensif dirigé contre le Forez.

Carte au 11ème siècle

Importance économique

Au voisinage de Châtel-Montagne se croisent des voies importantes, les unes menant de Cusset à Roanne, en direction du grand centret commercial qu'à toujours été Lyon, les autres nord-sud, dont celle venant de Digoin, par Arfeuilles et menant vers Le Puy. Une des branches de la voie romaine reliant Vichy à Roanne, en provenance de La Bruyère et La Croix Rouge passait à Châtel-Montagne puis continuait par la Croix-Mathieu, Nérin, Charasse et Les Bruyères pour atteindre Les Biefs où elle retrouvait la branche venue d'Arfeuilles. Cette voie sera empruntée pendant bien des siècles et on en garde le souvenir sous le nom de « grand chemin de Cusset à Chastel de Montaigne" ou de «chemin des soldats". (Dominique CHASSENIEUX - La Vallée de la Besbre -1987)

Châtel-Montagne vu depuis Nizerolle



L'importance des voies de passage qui se croisent à Châtel, permettant la tenue de foires régulières entraînent la richesse du lieu, attestée par l'inscription de Châtel-Montagne sur la liste des 30 villes et villettes les plus importantes de la province à la fin du 16e siècle avec seize importantes foires annuelles. Comme en témoigne un texte de 1623, signé par :

"Jacques TOUZET, prêtre chapelain de l'hôpital de Châtel Montagne, par François BONNET, chirurgien et par BONNET, clerc au dit bourg" Châtel aurait donc eu son hôpital, son chirurgien et son notaire.

Paul Duchon note qu'au 12e siècle : "Le prieuré de Châtel-Montagne hospitalise les voyageurs" (Histoire de Cusset par Paul Duchon - les Amis du Vieux Cusset 1973. Elle comptait encore 1.668 habitants au recensement de 1830.

Maison des Faures - 15ème siècle

En 1817 un décret oblige à supprimer les colombages dans les agglomérations

Déclin

La Révolution de 1789 entraînera la destruction de toutes les archives religieuses et civiles du village, renommé temporairement "Mont-sur-Besbre", ainsi que la suppression de la flèche de l'église. La réalisation en 1816 d'une véritable route de Châtel au Mayet, ainsi que de la route en lacets jusqu'au croisement de la route de Lapalisse, désenclaveront enfin le village. Cependant l'importance de Châtel-Montagne ne cesse de décroître depuis qu'elle a perdu son rôle de chef lieu de canton, au profit du Mayet-de-Montagne.